Les transformations de l'économie algérienne lors de ces dernières années ont donné lieu à de nouveaux phénomènes, entre autres les pénuries de main-d'oeuvre qualifiée. Le peu de compétences dont dispose notre pays est presque accaparé par les filiales d'entreprises étrangères à coup de rémunérations sans commune mesure avec celles offertes par les entreprises locales.
Aussi, tout le monde s'accorde à dire que les entreprises algériennes souffrent d'un sous encadrement criant, mais personne n'ose mettre en oeuvre des solutions à même d'attirer et/ou de fidéliser les compétences nécessaires au bon pilotage de nos entreprises.
De ce fait, il est impératif de préparer un environnement incitatif pour permettre aux entreprises de s'entourer des meilleurs collaborateurs susceptibles d'améliorer leur processus de gestion et d'augmenter leur productivité.
Le dilemme de la Sonatrach qui, impuissante, voit certains de ses meilleurs éléments débauchés par des entreprises pétrolières à coup d'offres alléchantes sans pouvoir les retenir est édifiant à cet égard. Et pour cause, la politique salariale d'une entreprise comme Sonatrach basée sur un système plus ou moins égalitaire (pour ne pas dire égalitariste) n'est pas en mesure de retenir les meilleures compétences, sachant que surpayer un cadre relativement à ses collègues n'est pas une pratique ancrée dans les moeurs des Algériens, les actions des syndicats contribuant à amplifier ce phénomène.
La politique de l'autruche
Les syndicats de Sonatrach posent de vraies questions sans apporter pour autant de réponses satisfaisantes. En effet, ils ont su identifier les départs en catimini de certaines compétences de Sonatrach et en alerter les décideurs et l'opinion publique. Néanmoins, exiger une augmentation générale de 30% des salaires de tous les employés de Sonatrach est loin d'être la panacée. Bien au contraire.
Ce que les syndicalistes de Sonatrach ont tendance à occulter, c'est que ces départs vers d'autres majors pétrolières sont provoqués justement par cette politique de traitement égalitaire à laquelle les syndicats tiennent jalousement. Le mérite et l'égalité de traitement ne font pas bon ménage et c'est là où le bât blesse.
Parce que la rémunération au mérite exige l'augmentation sensible des salaires de certains employés sans que les autres puissent en bénéficier, chose que les syndicats ne sont pas prêts à accepter. Et tant que ces derniers campent sur leurs positions, l'appel de sirène des entreprises étrangères accentuera «l'hémorragie» dont souffrent les entreprises algériennes déjà bien dépourvues, notamment celles du secteur public.
Face à cette situation, Sonatrach a pris les mesures qui s'imposent en adoptant une nouvelle grille salariale en concertation avec les partenaires sociaux. Mais, n'est pas Sonatrach qui veut. Les autres entreprises qui sont loin de jouer dans la cour de Sonatrach pourront recourir à d'autres moyens de motivation pour faire adhérer leurs collaborateurs aux intérêts de leur entreprise. Stimuler vaut mieux que contraindre.
En effet, il revient à abandonner la politique du bâton qui a montré ses limites et actionner le levier de la carotte. Autrement, comment concilier les objectifs des collaborateurs avec ceux de l'entreprise ?
En matière d'«incentives», plusieurs alternatives s'offrent aux chefs d'entreprise mais sans l'implication active des pouvoirs publics, la tâche s'avère très ardue.
En plus du renforcement des dispositifs relatifs à l'intéressement et à la participation des salariés aux résultats de leur entreprise, il y a un autre moyen par lequel nos entreprises pourront attirer les meilleures compétences sans casser leur tirelire. Il s'agit de mettre en place des plans de stock-options. Or, s'introduire en Bourse constitue un préalable pour implémenter une telle politique. D'où la nécessité pour les pouvoirs publics de relancer dans les plus brefs délais le processus de mise en Bourse si l'on veut donner à nos entreprises les moyens de lutter à armes égales avec des entreprise étrangères qui seront de plus en plus présentes sur la place d'Alger dans les années à venir.
Le syndrome du pompier
Il est de notoriété publique que nos policymakers n'agissent que sous la contrainte. Or, le rôle des décideurs est d'anticiper les événements au lieu de les subir après coup. Et relancer les introductions en Bourse participe de cette anticipation à l'effet de doter nos entreprises d'instruments financiers nécessaires pour affronter la concurrence, ou du moins pour ne plus permettre à nos gestionnaires de s'abriter derrière ces contraintes pour justifier leurs éventuels échecs. Tant que les pouvoirs publics ne dépasseront pas cette fâcheuse habitude de jouer les pompiers au lieu d'avoir une vision stratégique cohérente avec l'objectif de faire de notre économie l'une des plus compétitives sur le pourtour méditerranéen, point de salut pour nos entreprises. Il est du devoir du politique de préparer le terrain favorisant l'introduction en Bourse des entreprises aussi bien publiques que privées.
Capitalisme familial quand tu nous tiens !
Le privé algérien a tendance à charger les pouvoirs politiques de tous les maux, alors qu'il a beaucoup de choses à se reprocher. L'entreprise privée doit sortir du carcan familial dans lequel elle continue à se murer pour s'ouvrir au monde extérieur à travers l'ouverture du capital aux investisseurs étrangers à la famille.
Financer son développement par l'injection d'argent frais se fait souvent, pour ne pas dire exclusivement, par le recours à l'endettement et quasiment jamais via le canal de l'Equity.
Stock-options ou comment faire des omelettes sans casser des œufs !
Les pouvoirs publics ont un programme ambitieux de création d'entreprises. Pour permettre aux Algériens qui ont du génie (et il y en a forcément parce qu'en Algérie nous n'avons pas que du pétrole mais aussi des idées) mais sans un rond dans leur poche de créer leur entreprise et d'attirer de brillants collaborateurs en leur offrant des plans de stock options avec une rémunération fixe modeste.
Le développement des plans de stock options constituerait également un moyen d'amener des cadres algériens expatriés à revenir travailler en Algérie, ce que les pouvoirs publics appellent de leurs voeux.
Une « stock option », pour rappel, est une option d'achat (le droit et non l'obligation d'acheter) d'actions de l'entreprise à un prix déterminé à l'avance à un horizon de temps donné.
A titre d'exemple, prenons une petite entreprise innovante avec de fortes perspectives mais dont les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. Pour pouvoir enrôler de brillants collaborateurs, elle ne dispose pas de suffisamment de ressources pour pouvoir leur offrir des salaires alléchants. Dans un contexte où la ressource humaine compétente est devenue une denrée rare, la seule alternative à ce dilemme est d'intéresser les collaborateurs aux perspectives de l'entreprise en leur offrant une rémunération fixe d'un niveau modeste doublée d'un plan de stock options.
Supposons que le cours de l'action le jour de mise en place du plan de stock options est de 1.000 DA. Comme l'évolution du cours de l'action est étroitement corrélée aux perspectives de l'entreprise cotée, il serait fort à parier que le cours de l'action dans les années à venir se revalorisera en conséquence.
Imaginons que 5 ans après, l'entreprise devienne florissante avec d'excellents résultats. Le cours de l'action aurait certainement augmenté, soit 3.000 DA l'action.
Le plan de stock options consiste à dire au collaborateur : je vous donne le droit d'acheter dans 5 ans 10.000 actions à 1.500 DA l'action. Le collaborateur, s'il croit dans les perspectives de cette entreprise, accepterait ce package. A terme, si les anticipations se réalisent et que le cours de l'action soit effectivement à 3.000 DA, il achètera à son entreprise 10.000 actions à 1.500 DA l'unité qu'il pourra revendre tout de suite sur les marchés financiers à 3.000 DA l'action. Soit une plus-value de 10.000x (3.000 - 1.500) = 1.500.000 DA.
Ce n'est pas du domaine du rêve, mais c'est de cette manière que ça se passe dans les pays où les marchés boursiers sont développés. Une technique de rémunération très attrayante pour attirer de brillants cadres sans mettre à mal la trésorerie de l'entreprise.
Pour mettre en oeuvre cet instrument de rémunération, Il est impératif de relancer le compartiment actions de la Bourse d'Alger. Il y va de la crédibilité de notre pays vis-à-vis de la communauté financière internationale. Il est salutaire d'agir dans cette direction avant qu'il ne soit trop tard et que les carottes ne soient cuites .
Aussi, tout le monde s'accorde à dire que les entreprises algériennes souffrent d'un sous encadrement criant, mais personne n'ose mettre en oeuvre des solutions à même d'attirer et/ou de fidéliser les compétences nécessaires au bon pilotage de nos entreprises.
De ce fait, il est impératif de préparer un environnement incitatif pour permettre aux entreprises de s'entourer des meilleurs collaborateurs susceptibles d'améliorer leur processus de gestion et d'augmenter leur productivité.
Le dilemme de la Sonatrach qui, impuissante, voit certains de ses meilleurs éléments débauchés par des entreprises pétrolières à coup d'offres alléchantes sans pouvoir les retenir est édifiant à cet égard. Et pour cause, la politique salariale d'une entreprise comme Sonatrach basée sur un système plus ou moins égalitaire (pour ne pas dire égalitariste) n'est pas en mesure de retenir les meilleures compétences, sachant que surpayer un cadre relativement à ses collègues n'est pas une pratique ancrée dans les moeurs des Algériens, les actions des syndicats contribuant à amplifier ce phénomène.
La politique de l'autruche
Les syndicats de Sonatrach posent de vraies questions sans apporter pour autant de réponses satisfaisantes. En effet, ils ont su identifier les départs en catimini de certaines compétences de Sonatrach et en alerter les décideurs et l'opinion publique. Néanmoins, exiger une augmentation générale de 30% des salaires de tous les employés de Sonatrach est loin d'être la panacée. Bien au contraire.
Ce que les syndicalistes de Sonatrach ont tendance à occulter, c'est que ces départs vers d'autres majors pétrolières sont provoqués justement par cette politique de traitement égalitaire à laquelle les syndicats tiennent jalousement. Le mérite et l'égalité de traitement ne font pas bon ménage et c'est là où le bât blesse.
Parce que la rémunération au mérite exige l'augmentation sensible des salaires de certains employés sans que les autres puissent en bénéficier, chose que les syndicats ne sont pas prêts à accepter. Et tant que ces derniers campent sur leurs positions, l'appel de sirène des entreprises étrangères accentuera «l'hémorragie» dont souffrent les entreprises algériennes déjà bien dépourvues, notamment celles du secteur public.
Face à cette situation, Sonatrach a pris les mesures qui s'imposent en adoptant une nouvelle grille salariale en concertation avec les partenaires sociaux. Mais, n'est pas Sonatrach qui veut. Les autres entreprises qui sont loin de jouer dans la cour de Sonatrach pourront recourir à d'autres moyens de motivation pour faire adhérer leurs collaborateurs aux intérêts de leur entreprise. Stimuler vaut mieux que contraindre.
En effet, il revient à abandonner la politique du bâton qui a montré ses limites et actionner le levier de la carotte. Autrement, comment concilier les objectifs des collaborateurs avec ceux de l'entreprise ?
En matière d'«incentives», plusieurs alternatives s'offrent aux chefs d'entreprise mais sans l'implication active des pouvoirs publics, la tâche s'avère très ardue.
En plus du renforcement des dispositifs relatifs à l'intéressement et à la participation des salariés aux résultats de leur entreprise, il y a un autre moyen par lequel nos entreprises pourront attirer les meilleures compétences sans casser leur tirelire. Il s'agit de mettre en place des plans de stock-options. Or, s'introduire en Bourse constitue un préalable pour implémenter une telle politique. D'où la nécessité pour les pouvoirs publics de relancer dans les plus brefs délais le processus de mise en Bourse si l'on veut donner à nos entreprises les moyens de lutter à armes égales avec des entreprise étrangères qui seront de plus en plus présentes sur la place d'Alger dans les années à venir.
Le syndrome du pompier
Il est de notoriété publique que nos policymakers n'agissent que sous la contrainte. Or, le rôle des décideurs est d'anticiper les événements au lieu de les subir après coup. Et relancer les introductions en Bourse participe de cette anticipation à l'effet de doter nos entreprises d'instruments financiers nécessaires pour affronter la concurrence, ou du moins pour ne plus permettre à nos gestionnaires de s'abriter derrière ces contraintes pour justifier leurs éventuels échecs. Tant que les pouvoirs publics ne dépasseront pas cette fâcheuse habitude de jouer les pompiers au lieu d'avoir une vision stratégique cohérente avec l'objectif de faire de notre économie l'une des plus compétitives sur le pourtour méditerranéen, point de salut pour nos entreprises. Il est du devoir du politique de préparer le terrain favorisant l'introduction en Bourse des entreprises aussi bien publiques que privées.
Capitalisme familial quand tu nous tiens !
Le privé algérien a tendance à charger les pouvoirs politiques de tous les maux, alors qu'il a beaucoup de choses à se reprocher. L'entreprise privée doit sortir du carcan familial dans lequel elle continue à se murer pour s'ouvrir au monde extérieur à travers l'ouverture du capital aux investisseurs étrangers à la famille.
Financer son développement par l'injection d'argent frais se fait souvent, pour ne pas dire exclusivement, par le recours à l'endettement et quasiment jamais via le canal de l'Equity.
Stock-options ou comment faire des omelettes sans casser des œufs !
Les pouvoirs publics ont un programme ambitieux de création d'entreprises. Pour permettre aux Algériens qui ont du génie (et il y en a forcément parce qu'en Algérie nous n'avons pas que du pétrole mais aussi des idées) mais sans un rond dans leur poche de créer leur entreprise et d'attirer de brillants collaborateurs en leur offrant des plans de stock options avec une rémunération fixe modeste.
Le développement des plans de stock options constituerait également un moyen d'amener des cadres algériens expatriés à revenir travailler en Algérie, ce que les pouvoirs publics appellent de leurs voeux.
Une « stock option », pour rappel, est une option d'achat (le droit et non l'obligation d'acheter) d'actions de l'entreprise à un prix déterminé à l'avance à un horizon de temps donné.
A titre d'exemple, prenons une petite entreprise innovante avec de fortes perspectives mais dont les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. Pour pouvoir enrôler de brillants collaborateurs, elle ne dispose pas de suffisamment de ressources pour pouvoir leur offrir des salaires alléchants. Dans un contexte où la ressource humaine compétente est devenue une denrée rare, la seule alternative à ce dilemme est d'intéresser les collaborateurs aux perspectives de l'entreprise en leur offrant une rémunération fixe d'un niveau modeste doublée d'un plan de stock options.
Supposons que le cours de l'action le jour de mise en place du plan de stock options est de 1.000 DA. Comme l'évolution du cours de l'action est étroitement corrélée aux perspectives de l'entreprise cotée, il serait fort à parier que le cours de l'action dans les années à venir se revalorisera en conséquence.
Imaginons que 5 ans après, l'entreprise devienne florissante avec d'excellents résultats. Le cours de l'action aurait certainement augmenté, soit 3.000 DA l'action.
Le plan de stock options consiste à dire au collaborateur : je vous donne le droit d'acheter dans 5 ans 10.000 actions à 1.500 DA l'action. Le collaborateur, s'il croit dans les perspectives de cette entreprise, accepterait ce package. A terme, si les anticipations se réalisent et que le cours de l'action soit effectivement à 3.000 DA, il achètera à son entreprise 10.000 actions à 1.500 DA l'unité qu'il pourra revendre tout de suite sur les marchés financiers à 3.000 DA l'action. Soit une plus-value de 10.000x (3.000 - 1.500) = 1.500.000 DA.
Ce n'est pas du domaine du rêve, mais c'est de cette manière que ça se passe dans les pays où les marchés boursiers sont développés. Une technique de rémunération très attrayante pour attirer de brillants cadres sans mettre à mal la trésorerie de l'entreprise.
Pour mettre en oeuvre cet instrument de rémunération, Il est impératif de relancer le compartiment actions de la Bourse d'Alger. Il y va de la crédibilité de notre pays vis-à-vis de la communauté financière internationale. Il est salutaire d'agir dans cette direction avant qu'il ne soit trop tard et que les carottes ne soient cuites .
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