24 janvier 2006

Le gouvernement algérien peine à privatiser ses entreprises publiques

Le bilan des dénationalisations en 2005 est maigre. Beaucoup de patrons dénoncent le manque de transparence.

Relancée en 2003, la privatisation des entreprises publiques avance à pas de tortue. L'année passée, le gouvernement n'a mis en vente qu'une centaine d'entreprises contre une cinquantaine en 2004 et seulement 19 privatisations en 2003, selon les chiffres officiels. Le bilan est maigre pour une opération qui concerne plus de 1.200 entreprises publiques. Pire, le gouvernement se contredit sur le nombre d'entreprises vendues durant ces deux dernières années. Un précédent bilan officiel faisait en effet part de la privatisation de plus de 111 entreprises publiques en 2004.

Le gouvernement ne donne pas de détails sur la façon avec laquelle certaines entreprises publiques ont été vendues. "Il n'y a pas de transparence dans les privatisations. Parfois, l'ouverture des plis est publique, parfois non", souligne le patron d'un groupe privé. Chargé par le président Bouteflika de vendre rapidement les entreprises publiques, le ministre des Participations et de la Promotion de l'investissement, Hamid Temmar, affirme avoir trouvé la bonne formule pour privatiser. "Notre stratégie de privatisation a été révisée en juin en vue d'accélérer ce processus dès cette année", a affirmé M. Temmar qui a promis de réduire à six mois au maximum le délai des négociations sur une opération de privatisation. Le ministre des Participations et de la Promotion de l'investissement a annoncé des facilités de paiement aux hommes d'affaires algériens et la poursuite de ses tournées en Europe pour convaincre d'éventuels repreneurs.
Opacité. L'Algérie pourra bénéficier d'une aide européenne de 8 millions d'euros pour le recrutement des banques d'affaires et de cabinets de consultants spécialisés pour évaluer et préparer les entreprises publiques à la priva- tisation.
Cette année devrait connaître l'ouverture du capital de l'opérateur historique de téléphonie, Algérie Télécoms, et du Crédit populaire d'Algérie (CPA), une banque publique. Mais les nouvelles mesures du gouvernement ne sont pas suffisantes pour convaincre les patrons et les économistes. "Les entreprises intéressantes ont été vendues dans l'opacité à des patrons proches du pouvoir. Pour les autres entreprises, le gouvernement fait traîner les choses", estime un directeur d'entreprise. "Il n'y a aucune stratégie pour privatiser. Il y a plusieurs décideurs et les repreneurs n'ont pas d'interlocuteurs directs identifiés. Même le ministère des Participations et de la Promotion de l'investissement n'est pas en mesure de décider sur la vente d'une entreprise. Il faut à chaque fois réunir le Conseil des participations de l'État (CPE) qui est présidé par le chef du gouvernement. Ce n'est pas normal", regrette un membre d'une organisation patronale.
Quinze après son lancement, le gouvernement algérien peine à vendre les entreprises publiques. Les privatisations ressemblent beaucoup plus à une simple opération de distribution de richesses entre les patrons locaux proches du pouvoir.

sources : la tribune

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